La grippe canine

article paru dans le  n° 11 et 12 de Presse de Deers - décembre 2006

Tandis que surgissait la grippe aviaire de l’homme, une nouvelle version de la grippe équine capable d’infecter les chiens est apparue.

Quand un virus saute d’une espèce à une autre de cette façon, ce que fait régulièrement le virus de la grippe, on peut surtout craindre de voir le virus changer encore de façon à se propager directement entre les membres de sa nouvelle espèce d’accueil.
Lorsque cela arrive, nous ne sommes plus en présence du virus aviaire ou équin capable d’infecter d’autres espèces mais devant un nouveau virus humain ou un virus de la grippe canine. Au moment où j’écris cet article, cette dernière mutation n’avait pas encore eu lieu en ce qui concerne le virus de la grippe aviaire mais elle s’était bel et bien produite depuis 2004 pour la grippe équine. Par conséquent, nous sommes au milieu d’une épidémie de la grippe du chien mieux connue sous le nom d’Influenza virus A Canin.
Le dernier nouveau virus canin à avoir émergé, la parvovirose canine remonte à la deuxième moitié des années 1970. Il avait mis 1 an à se propager sur tous les continents. La même chose est en train de se passer avec le virus de la grippe à une exception près : le virus de la grippe s’attaque au système respiratoire tandis que l’autre touche le système digestif et la moelle épinière. Autre différence, le virus de la grippe a un taux de mortalité relativement bas (moins de 10 %) en comparaison avec la parvovirose qui à son apparition tua au moins un tiers des chiens infectés.
Sur Internet, l’on peut trouver beaucoup d’informations – et de désinformations –.

Une bonne source de renseignements se trouve sur le site de l’American Veterinary Medical Association à l’adresse suivante : www.avma.org/public_health/influenza/canine_guidelines. asp
Le reste de cet article provient en grande partie du site mentionné auquel j’ai ajouté des informations glanées ailleurs.

C’est quoi la grippe canine ?
La grippe canine est une infection respiratoire hautement contagieuse causée par un virus. Il en existe deux formes cliniques : une forme légère et une autre plus sévère qui s’accompagne d’une pneumonie.
La forme légère :
Les chiens atteints par ce type de grippe canine développent une petite toux grasse qui persiste de 10 à 30 jours ; mais certains d’entre eux peuvent avoir une toux sèche, comparable à celle de la toux de chenil. C’est pourquoi les infections dues au virus de la grippe canine sont fréquemment confondues avec la toux de chenil. Les chiens peuvent aussi avoir un épais jetage nasal qui est généralement la cause d’une surinfection bactérienne.
La forme sévère :
Les chiens souffrant de la forme sévère de la grippe canine ont une grosse fièvre (entre 40° et 42° centigrades) et montrent les symptômes cliniques de la pneumonie à savoir une respiration accélérée et un effort accru pour respirer. La pneumonie peut être due à une surinfection bactérienne.
Puisque nous sommes en présence d’une nouvelle maladie, la plupart des chiens, toutes races confondues sont susceptibles d’être contaminés et n’ont pas d’immunité. Pratiquement tous les chiens en contact avec le virus sont infectés et près de 80 % d’entre eux développent la maladie. Heureusement, la plupart des chiens sont atteints par la forme légère de la maladie.

La grippe canine est-elle mortelle ?
Des cas mortels de pneumonie due au virus de la grippe canine ont bien été répertoriés mais jusqu’à présent, le taux de mortalité est bas, de l’ordre de 5 % à 8 %. Quelle est l’étendue de la maladie ?
La grippe canine en tant que telle a été détectée pour la première fois dans le monde en janvier 2004 parmi les greyhounds de course d’un cynodrome de la Floride. Entre juin et août de la même année, la maladie respiratoire est apparue dans 14 cynodromes de 6 autres états puis entre janvier et mai 2005, elle touchait 20 cynodromes dans 11 autres états. Elle s’est ensuite répandue un peu partout aux États-Unis d’Amérique parmi les chiens de compagnie.
Les refuges, les SPA, les animaleries, les pensions canines et les cliniques vétérinaires ont tous répertorié des cas.

Comment soigner un chien atteint de la grippe ?
En présence d’une maladie à virus le traitement à donner est en très grande partie un traitement de soutien. De bons soins, une bonne alimentation, aident le chien à se constituer une immunité efficace.
Pour ce qui est de la forme légère de la maladie, le jetage nasal vert et épais qui est du très probablement à une surinfection bactérienne, cède rapidement à une cure d’antibiotiques.
En ce qui concerne la forme sévère, la pneumonie, causée ou rendue plus virulente par une surinfection bactérienne, c’est l’hydratation (par voie intraveineuse ou administration de fluides) et les antibiotiques qui en viennent à bout.

La grippe canine est-elle transmissible à l’homme ?
Jusqu’à présent, il n’y a pas de preuve d’une transmission quelconque du virus de la grippe des chiens vers les gens. Le virus responsable de la grippe canine diffère significativement de celui de la grippe aviaire et de ceux connus de la grippe de l’homme ce qui rend improbable sa transmission à l’homme.

La grippe canine se transmet-elle aux chevaux ou à d’autres animaux ?
À l’heure actuelle, il n’y a pas de preuve d’une transmission de la grippe canine aux chevaux, chats, furets ou autres espèces. Cependant les mesures sanitaires de contrôle de l’infection dont on parlera par la suite sont à recommander.

Faut-il s’inquiéter si on laisse son chien au salon de toilettage, en pension canine ou si on l’amène chez le vétérinaire ou qu’il participe à une exposition canine ?
Toute situation qui amène à un rassemblement de chiens augmente le risque d’une contamination par des maladies transmissibles. Le risque est particulièrement élevé avec un virus respiratoire colporté par l’air comme la grippe. De bonnes mesures du contrôle de l’infection peuvent réduire ce risque. Tout propriétaire de chien d’exposition, de sport etc. ainsi que celui qui met son chien en pension canine doit demander si la structure d’accueil a eu des cas de grippe et si elle est équipée d’une cellule d’isolement pour séparer les chiens qui présenteraient les symptômes de la maladie respiratoire. De toute façon plus votre chien est en contact avec d’autres chiens plus il risque la contamination.

Comment réduire les chances de transmission de la grippe dans un élevage ou en pension canine ?
En milieu canin (élevage ou pension) il y a des précautions journalières à prendre pour empêcher la propagation de maladies virales. Le virus de la grippe canine semble être détruit facilement par les désinfectants (par exemple, les composés d’ammonium quaternaire et l’eau de javel) que l’on utilise couramment dans les cliniques vétérinaires, les pensions canines et les refuges pour animaux.
Des règles d’hygiène visant le nettoyage, la désinfection des cages, des récipients et autres surfaces doivent être établies et suivies à la lettre avant et après chaque manipulation.
Si dans une pension canine, un chien montre des signes de la grippe canine, il doit immédiatement être montré au vétérinaire et isolé des autres. Il est également obligatoire de porter des gants jetables lorsque l’on soigne les chiens malades ou que l’on désinfecte les cages et locaux contaminés. Il faut également prélever des échantillons pour connaître la véritable identité de la maladie respiratoire existant dans la structure et faire connaître le résultat.
Les soigneurs de chiens peuvent à leur insu, transmettre la maladie s’ils ne suivent pas les règles d’hygiène qui s’imposent dans de telles circonstances ; ils devront donc pour empêcher la propagation du virus
1• Se laver les mains avec de l’eau et du savon (si l’eau et le savon ne sont pas disponibles, opter pour un nettoyant lavant à base d’alcool)
- Avant et après avoir manipulé chaque animal
- Après tout contact avec la salive, l’urine, les excréments ou le sang
- Après le nettoyage des cages
- Avant les repas, les pauses ou au moment de quitter la structure
- Avant et après avoir utilisé les toilettes.
Il faut porter une blouse au-dessus de ses vêtements et des gants lorsque l’on s’occupe d’un animal malade ou que l’on nettoie les cages sans oublier de les enlever avant d’aller s’occuper des autres animaux.
Il faut aussi songer à utiliser des lunettes ou des masques de protection s’il y a risque d’éclaboussures.
2 • Changer de vêtements avant de quitter l’établissement.
Les vêtements portés à l’intérieur de la structure doivent être parfaitement propres.
- Ne pas laisser pas les animaux vous lécher le visage.
- Ne pas manger dans l’ère réservée aux soins des chiens.
- Ne pas mettre ensemble de nouveaux arrivants avec ceux qui sont déjà là.
- Observer régulièrement chaque animal et scruter des signes de maladie.
ne pas laisser ensemble les malades et les bien portants, surtout en présence d’une maladie respiratoire.

Que faire en cas de toux ?
Il faut prendre rendez-vous chez le vétérinaire qui évaluera l’état de santé de votre bête et lui prescrira le traitement adéquat. Ne vous étonnez pas si l’on vous demande de ne pas sortir votre chien de la voiture ou d’entrer par une porte différente. Les cliniques vétérinaires sont des nids d’infection potentiels ; voilà pourquoi l’on procède de cette façon lorsqu’un patient semble contagieux.
S’il y a suspicion de grippe canine, le traitement tendra largement à faire en sorte d’optimiser le système immunitaire du chien pour combattre au mieux le virus. En cas de déshydratation, c’est l’administration de fluides qui est utilisée très souvent en association avec des antibiotiques pour parer à une surinfection bactérienne.
Il n’existe pas de test rapide pour diagnostiquer une infection par le virus de la grippe canine. C’est la prise de sang qui va mesurer le taux des anticorps de la grippe. Sept jours après apparition des signes cliniques de la maladie, on détecte déjà les anticorps. Des échantillons devraient être prélevés pendant la phase de convalescence à peu près 2 semaines après ceux de la phase aiguë. S’il n’a pas été possible d’obtenir des échantillons lors de la phase aiguë, les tests faits pendant la phase de convalescence peuvent révéler si l’animal a été infecté à un moment donné par le passé.
D’autres options de diagnostics sont possibles pour les chiens morts de pneumonie : une culture virale et une analyse de la réaction des chaînes polymérases. Il faut utiliser du tissu frais pris dans les poumons ou la trachée et non du tissu congelé ou préservé dans le formol.
La détection de virus par ces méthodes en utilisant les sécrétions d’un chien malade en plein stade inflammatoire est possible mais en général pas satisfaisante.

Comment réduire les possibilités de transmission lorsque son chien est atteint de la grippe ?
Le virus de la grippe canine est transmissible par le contact direct avec des sécrétions des voies aériennes des chiens malades et par le contact avec des objets contaminés comme les vêtements. Par conséquent les propriétaires de chiens qui toussent ou montrent d’autres symptômes de maladie respiratoire doivent s’abstenir de participer à des activités rassemblent
des chiens car bête et maître risquent à coup sûr de transmettre la maladie.
Pour ce qui est des vêtements, le lavage en machine avec un détergeant à la température normale les rend parfaitement propres.
À l’heure actuelle, il semble que la grippe canine se comporte de la même façon que la grippe de l’homme c’est-à-dire avec des pics d’infection à certaines périodes au moment où le virus mute légèrement entremêlés de périodes à faible degré d’infection. La mise au point d’un vaccin a déjà commencé. Dans quelques années, tous les chiens à risque pourront être vaccinés contre la grippe canine mais jusqu’alors, la seule protection possible consiste à prendre les mêmes précautions que pour les humains : ne pas laisser son chien en côtoyer d’autres et avoir une bonne hygiène de vie.

Dr. John E. Dillberger
avec l’autorisation du Deerhound Club of Victoria