1933, Sport Universel Illustré

(source BNF-Gallica)

Le Deerhound est certainement l'un des chiens les plus décoratifs existant, qu'il soit couché en une pose hiératique devant les grandes cheminées brûlant des arbres, des vieux châteaux féodaux d'Ecosse, ou galopant élégamment pardessus les bruyères en fleurs des Moors.
La grâce et la majesté se retrouvent dans tous ses mouvements et attitudes et il joignait la plus grande ardeur à la chasse où il était employé. Sa construction lui faisant couvrir un grand terrain dans ces pays montagneux.

Les historiens du temps de la reine Mary disent combien chaque famille seigneuriale tenait jalousement à conserver le sang pur de leurs Deerhounds. Mais la grande popularité de cette race monta au plus haut degré quand la reine Victoria et le prince Albert, faisant de longs séjours à la résidence royale de Balmoral, entretinrent un nombre respectable de Deerhounds, dont on a conservé les noms des meilleurs qui furent: Salomon, Hector et Bran, ce dernier en particulier était un splendide animal, mesurant 30 inches au garrot; il servit de modèle au grand peintre de l'époque, Landseer pour son tableau célèbre, intitulé « High-Life ».
Sir Walter Scott les mentionne souvent dans ses oeuvres, il en possédait une paire qui étaient ses fidèles compagnons. Leur sobre élégance les avaient mis à la mode vers 1850 et nous connaissons un portrait de Lamartine ayant un Deerhound couché à ses pieds.

Affirmer l'origine exacte de cette race est fort difficile, à une époque où il n'existait aucun organe officiel.
Dans ces temps reculés, les mêmes chiens changeaient de noms selon les contrées. Tout d'abord nommés Highland Greyhound, tandis qu'en Irlande, ils se nommaient Irish Wolf Dog. Par la suite, ils furent appelés Scotch Greyhound, Rough Greyhound.

Dans son ouvrage tant consulté, Englische Dogges (1576), le Dr Caius, parlant de Greyhoundᅠ remarque : « Certains sont de plus grande taille, d'autres moindre; certains sont de poil piat comme les skyes, d'autres légèrement ondulé; les plus grands étant utilisés pour chasser le cerf, le chevreuil, les daims. »
D'autres sources nous apprennent que les Rough Greyhounds ne gagnèrent leur haute taille, nécessaire pour franchir montagnes et vallées derrière les grands animaux, qu'à la suite de sélections dans les élevages; ils étaient alors utilisés, tant en Angleterre qu'en Ecosse, puis les daims, cerfs, chevreuils devinrent de plus en plus rares à l'état sauvage, et seuls les Highlands de l'est et du nord de l'Ecosse en abritent encore, mais les progrès de l'armurerie ont été tels que le gros gibier n'est plus tiré dans les « passe », qu'avec des carabines à longue portée, remplaçant l'aide des chiens.
Le Deerhound a « peu de nez », sa structure lui permet de chasser surtout « à vue ». Malheureusement, ils sont utilisés de moins en moins; en 1912, il m'a été assuré, en Ecosse, que sur soixante forêts où les cerfs étaient conservés, dans six seulement on se servait de Deerhounds pour la chasse.

Contrairement à ce qui arrive pour d'autres races qui ne trouvent plus leurs destinations spéciales d'emploi, tout le caractère si spécial à cette race a pu être conservé dans sa forme élégante, sa belle ossature, son tempérament courageux et dévoué à son maître.

A la maison, il sait tenir le moins de place possible, son long corps flexible se replie sur lui-même pour dormir dans un coin et de préférence, comme tous les chiens, sous un meuble ; ils aiment avoir un toit qui les met à l'abri des pieds des humains maladroits.
Leur couleur préférée, en Ecosse, est le gris bleu ou le beige bringé gris foncé; il est à remarquer que les anciennes races, de chiens des Highlands et des Iles Hébrides ont un poil identique comme texture et couleur.
Le Rough Higland Terrier nommé de nos jours Cairn et le Deerhound, ont le même poil rude avec sous-poil dense les mettant à l'abri des intempéries de leur pays d'origine. La couleur va du gris foncé au gris bleuté, en passant par la gamme des bringés beige et foncé.

Le poil des Deerhounds doit être dur et rèche, sur le haut de la tête et sur la poitrine, il est admis dans le standard qu'il doit être un peu plus mou, ainsi qu'à l'intérieur des jambes il est plus fourni, mais ne doit pas retomber en franges.
Le poil soyeux est un grand défaut. Le poil blanc ne doit apparaître qu'en touffes à la poitrine, quelquefois sur les pieds sans disqualification, mais le chien ne doit jamais être ni complètement noir, ni blanc.
Quand les chiots naissent, ils ont le poil laineux ressemblant quelque peu aux Bedlington Terriers, la couleur la plus répandue étant le bleu gris acier. Les chiots, en naissant, sont noirs, leur texture éclaircit toujours avec le second poil.

Aussitôt après la guerre, on en pouvait contempler de beaux spécimens appartenant à Mme Violet, qui possédait un important élevage de cette race en Normandie.
Actuellement en France, Mme A. Ravenez a réuni les élevages des deux races: les Deerhounds et les Cairn Terriers, en son chenil de la Fenotte, installé à Ville d'Avray depuis peu; auparavant, son élevage était dans l'Est, à l'instar de ses amies les Misses Loughrey, qui possèdent la belle terre de Rosslyn, où elles élèvent des Hunters, concurremment avec les Deerhounds, près de Londonderry (Irlande). Leurs chiens les suivent à cheval, gardent l'auto et se font petits et discrets pour conserver leur place près de leurs maîtresses au salon.
Mme Ravenez a importé en même temps que les Deerhounds, il y a plusieurs années, ces gais et intelligents petits terriers que sont les Cairns, originaires du même pays; ces deux races se complètent admirablement et en font de charmants compagnons.

M.-J. DE PARSEVAL (Source Gallica)

Les légendes des 2 champions de Mme Ravenez (Graphic et Daphné) ont été inversées par la revue : voir l'album de photos de Mme Ravenez dans Photos d'archives (ressources).