"…  on ne peut parler du deerhound sans citer notre compatriote, M. Dumoulin qui s’est adonné avec tant de compétence depuis de longues années, à l’étude de cette race. C’est à son obligeance que nous devons quelques-unes des photographies qui illustrent cet article ; elles montreront à nos lecteurs jusqu’à quelle perfection de forme et quelle élégance de silhouette peut atteindre le lévrier d’Ecosse. M. Dumoulin n’a pas craint de s’imposer de lourds sacrifices pour importer d’Ecosse des animaux comme «Champion Duncan », un des étalons les plus typiques de notre époque et dont la robe bringé clair avec taches fauve doré et les extrémités foncées sont des plus appréciées dans la race ; la belle lice « Elwyn-Ruth », également champion et qu’on dirait sortie d’une toile de Landseer ; « Champion Ronan », bringé clair dont la physionomie et l’expression rappellent tout à fait les chiens de l’ancienne famille dite Gruarach que l’on considérait comme la meilleure et la plus pure d’Ecosse et qu’avait cultivée avec tant de sollicitude M. Malcolm Clarke.
Léon Corbin, Le Sport universel illustré, 1912 

1906 juillet , exposition d'Orléans

 "SPORT UNIVERSEL ILLUSTRE" daté de 1910

"SPORT UNIVERSEL ILLUSTRE" daté de 1912

(Lire l'article complet dans Bibliographie)

Champion Duncan importé d'Ecosse, robe bringé clair avec taches fauve doré, extrémités foncées. Duncan, primé à Nantes, Toulouse, Niort, Limoges, etc.  a été très remarqué des connaisseurs à l'Exposition à Paris en 1908 et est alors considéré comme un des étalons les plus typiques de son époque.


ELWYN-RUTH, lice également champion          

Champion RONAN, bringé clair dont la physionomie et l’expression rappellent tout à fait les chiens de l’ancienne famille dite Gruarach que l’on considérait comme la meilleure et la plus pure d’Ecosse…

En 1913, à l'Exposition de Paris, il est relaté la présence de l'élevage Dumoulin qui a présenté :


- le Champion Duncan âgé de 7 ans,
- son fils Earl of Bersac, hors Elwyn-Ruth
- Lady Rowena of Bersac appartenant à Madame la Baronne de Bondeli.

"Le père Lafarine"

Après 1913, plus rien sur les deerhounds de M. Dumoulin (Of Bersac).
L'explication - surprenante - nous a été donnée par un article de P. Mégnin dans le Journal l'Eleveur (1933) :
"Il est, dans le monde canin, des amateurs — qui ont, comme on dit, le virus canin — mais qui ont surtout ce virus dangereux : la passion des premiers prix. Ils veulent des premiers prix, peu leur importent le juge, la compétition, la race.
Cependant, il est des seconds et même des troisièmes prix, qui sont préférables à des premiers.
Aussi voit-on des amateurs, étudier les règlements des expositions, s'enquérir habilement du nombre et de la qualité des exposés probables; ils s'abstiennent s'ils craignent un échec, ils courent s'ils ont l'espoir d'un succès.*
Quelques échecs les navrent au point qu'ils abandonnent une race pour laquelle ils eurent des préférences pendant plusieurs années; ils
passent du chien de berger au fox-terrier, du pékinois au loulou, du setter anglais à l'irlandais, etc., etc., supputant, à l'avance, les succès qu'ils pourraient obtenir.
Il est aussi des amateurs qui cherchent à être seuls à exposer une race ou variété : je dois constater que les amateurs sont moins, beaucoup moins, nombreux qu'autrefois; cela, du reste, provient de ce que les amateurs de chiens sont plus nombreux aujourd'hui qu'autrefois.

Il en fut un, quelques bonnes années avant 1914, qui était un type vraiment curieux, et qui, grâce à la petite manie qu'il avait d'être le seul exposant de sa classe, nous fit connaître diverses variétés intéressantes. C'était ce brave M. du Moulin, un curieux homme que l'on surnomma le père Lafarine; il était propriétaire d'un superbe et historique et splendidement meublé château des environs de Limoges; il n'habitait que la logette du concierge; il était, du reste, son propre concierge. Son chenil était très parfait, ses chiens admirablement soignés; il parcourut les expositions de l'époque du sud au nord, de l'est à l'ouest; on le vit partout avec ceux de ses chiens qui avaient, cette année-là, ses préférences. Mais, dès qu'il constatait une concurrence dans les classes dans lesquelles il exposait, il changeait de race ou de variété.
Il débuta par les barzoïs; quand vint la vogue des barzoïs, — il avait acheté son couple en Russie — il fila en Angleterre, acquit un couple
de deerhounds puis, quelques deerhounds ayant été exposés, il s'offrit un couple de scottish qu'il alla chercher à Aberdeen; puis ce furent d'autres races. Quelques semaines avant sa mort, il avait formé le projet d'un voyage en Italie pour ramener en France un couple de bergers bergamasques...

Certes, les amateurs de cette... variété sont intéressants; mais combien sont plus intéressants ceux qui, ayant le goût d'une race, créent un élevage, s'acharnent à produire du beau et bon et remportent des premiers prix avec les sujets qu'ils ont su produire et élever.

Paul Mégnin.

*comme de nos jours....(NDLR).