Le Chenil, 1882

(source : BNF GALLICA)

Le lévrier écossais.

 

Le lévrier écossais peut être regardé, grâce à sa grande taille et à son poil dur, comme le représentant le plus fort et le plus imposant de la famille des lévriers. Il a été, dit-on, créé principalement pour la chasse au cerf; les amateurs anciens le donnent comme un croisement de l'ancien chien loup d'Irlande, avec le chien de cerf anglais. En résumé, cet animal n'a jamais existé en grande quantité et, n'étant pas très à la mode de nos jours, il est encore plus rare qu'il y a une centaine d'années. Sir Walter Scott en a beaucoup parlé dans ses ouvrages et en a donné de très bonnes descriptions. Depuis plusieurs années, expositions, les éleveurs qui s'occupent de ce chien ont surtout recherché la taille, négligeant les autres qualités, et l'on s'est peu occupé d'avoir une bêle remplie d'élégance et de symétrie : la tête est devenue lourde, le museau trop carré, l'oreille tombante, le poil a perdu de sa rudesse en devenant plus long et même ondulé.

Autrefois, chez les grands propriétaires écossais, lorsqu'un chien était employé à la chasse, sa hauteur devait varier de 26 à 28 pouces, et celui qui avait 30 pouces était regardé comme mauvais pour cet usage. Cette opinion était partagée par feu le duc de Leeds, MM. Loéhiel, Horatio Ross, et le lieutenant colonel Inge. Aussi plusieurs propriétaires se sont-ils défaits de chiens plus grands, quoiqu'ils aient été récompensés, comme type de la race, aux expositions. Il faut donc considérer la hauteur de 31 pouces comme défectueuse, donnant des chiens beaucoup trop grands et n'ayant plus d'ensemble.

Autrefois, dans les montagnes d'Ecosse, la chasse aux cerfs se faisait avec ces chiens, mais maintenant les propriétaires trouvent beaucoup plus d'intérêt à louer leurs chasses, en les subdivisant. L'emploi de ces chiens, qui dérangeaient le gibier et l'entraînaient à de grandes distances, est alors devenu inutile surtout depuis l'invention des armes de précision. Du reste le lévrier écossais, comme tous les chiens de sa race, chassait à vue et non pas avec le nez ; sa vue, son train et son courage étaient hors ligne; mais si, par suite des ondulations du terrain, il perdait le cerf de vue, il ne le retrouvait pas. Et si, en quêtant çà et là, il trouvait un nouveau troupeau, il s'élançait à sa poursuite sans s'inquiéter de l'animal de chasse. Ce fait était tellement connu que le chien croisé nommé Lurcher lui était préféré pour retrouver le cerf blessé.

Ce croisement avait été fait entre des chiens courants de cerf de la montagne d'Ecosse et des fox hounds ; si le chien Lurcher perdait de vue le cerf blessé, il cherchait sa trace en quêtant à terre jusqu'à ce qu'il en ait connaissance, et une fois la piste relevée, il recherchait le cerf.

 

Le plus grand défaut des lévriers écossais, aux expositions, est de ne plus avoir la longueur et la forme du lévrier ; d'avoir la tête trop épaisse et le museau trop large, l'oreille lourde, le poil épais et laineux, le tout venant de ce l'on s'occupe absolument que de la taille.

Nous donnerons, d'après Hugh Dalziel, les points du lévrier écossais.

 

La tête doit être large entre les deux oreilles et doit devenir étroite graduellement jusqu'au nez. la forme du museau doit avoir le même caractère, proportions gardées, que celle du lévrier anglais; la tête doit être longue avec une petite élévation au dessus des yeux ; le crâne doit être plutôt plat qu'arrondi et couvert d'un poil long mais généralement plus doux que celui du corps. ll doit avoir une bonne moustache et une barbiche. Un chien qui n'aurait pas ces ornements doit être mis de côté. Le nez doit être noir ou gris bleu, suivant la couleur du poil, pointu et légèrement arqué. Dans les chiens de couleur claire, le museau doit être noir de préférence; on doit regarder comme un défaut un museau épais et carré qui certainement serait le signe d'un croisement.

La tête ne doit pas seulement être longue, elle doit avoir bien le type voulu ; car si elle est trop large, les yeux sont trop de front ce qui est une grande faille, faute qui se trouve chez beaucoup de ces chiens à notre époque.

 

Les oreilles devront être placées haut et, au repos, se bien plaquer en arrière comme celles du lévrier anglais ; lorsque le chien est en action, elles doivent se lever droit sur la tête sans se déformer. Rien ne montre la race comme l'oreille ; une large oreille épaisse, pendante et couverte de poils, annonce des croisements.

La peau de l'oreille doit être douce, luisante et semblable au toucher à la peau d'une souris. Plus l'oreille est petite, meilleure elle est ; elle ne doit jamais avoir de longs poils; quelque fois pourtant elle a, à l'extrémité, quelques poils plus longs, mais leur absence est préférable. L'oreille doit toujours être noire ou beaucoup plus foncée que le manteau du chien qu'elle que soit sa couleur.

Le cou doit être fort et moins allongé, en proportion, que celui du lévrier anglais. La nuque doit être très proéminente à l'endroit où elle s'attache au cou ; la gorge, bien indiquée, doit former un angle régulier entre la tête et le cou qui sera nerveux et couvert d'un poil dur.

 

La queue doit être longue, se terminant en pointe et comme un fouet; elle doit être accrochée très bas à partir des reins et former une petite courbe en bas, comme chez le lévrier anglais. Une queue courbée et retroussée est un grand défaut. Lorsque le chien est bien en poil, il peut en avoir quelques-uns au bout de la queue, mais s'il en a beaucoup, cela indique un chien de berger ou avec une autre race ayant le poil long. La queue, lorsqu'on la met droite, doit presque toucher la terre. Les yeux doivent être très foncés, marron foncé ou noisette ; des yeux clairs ne sont pas appréciés ; on trouve cependant quelquefois dans les chiens à manteau gris bleu des yeux bleus. Le tour des yeux doit être noir ; au repos, l'œil a une expression très douce, mais, dès que le chien est excité, le regard très fixe et dur, ce qui est un caractère de la race.

 

Les jambes et les pieds.

Les jambes doivent être fortes et plates plutôt qu'arrondies, et le coude bien placé ; celles de devant doivent être aussi droites que possible, le pieds doit être bien serré et compact, les doigts bien courbés; le pied doit ressembler à la patte du chat. Un pied ouvert et plat est toujours mauvais parce qu'il s'abîme en courant le cerf ou en passant sur des terrains durs.

Le train de derrière doit être large et puissant ; car le lévrier écossais a besoin d'une grande force pour monter les collines ; les hanches doivent être bien séparées et très musclées. Les deux parties des jambes de derrière doivent être bien en rapport. Le chien ainsi bâti, a généralement les coudes en dehors quoique les jarrets se rapprochent, cette conformation est très admirée par certains amateurs : elle permet au chien, grâce à l'écartement de ses jambes de les avancer sous son corps : les jarrets doivent être forts et plats ce qui fait que vues de derrière les deux jambes semblent arquées en dehors. 

 

Le corps et la conformation générale.

La conformation est celle du lévrier anglais, mais avec une taille plus élevée et des os plus forts. La poitrine est plus profonde que large ; pourtant elle ne doit pas être trop étroite. Les reins et le dos doivent être arqués; un lévrier à dos plat est mauvais, car il ne peut facilement gravir les hauteurs. La force des reins est très nécessaire, mais par suite de sa conformation arquée, cette force vient plutôt de la longueur que de la largeur. I1 est rare pourtant de voir un lévrier écossais aussi bien fait comme reins que le lévrier anglais.

 

Le poil : cette question a été la cause de nombreuses controverses au sujet du lévrier écossais, et beaucoup des sujets que l'on voit aux expositions anglaises laissent à désirer. Il faut rechercher un poil moyen, car dès qu'il est long, il semble naturellement moins dur : le poil du corps, du cou, et des membres inférieurs doit être dur quoique souple : celui de la tête, de la poitrine et du bas des jambes doit être plus doux.

Le lévrier écossais doit être un chien à poil dur, mais pas très couvert, car un poil laineux deviendrait un grand défaut. Certains des meilleurs chiens ont un poil mélangé et si l'ensemble est dur, on n'y fait pas trop attention. Plus le poil cependant sera dur, plus il doit être estimé.

 

La couleur : Le gris bleu foncé, couleur du skye terrier, est celle que l'on doit rechercher : on trouve aussi de ces lévriers gris jaune, les plus foncés sont les meilleurs. Les couleurs claires ont été jugées mauvaises et cependant un chien jaune orangé avec des oreilles noires et le museau noir a bien le caractère recherché pour le lévrier écossais; comme nous l'avons déjà dit, quelle que soit la couleur du chien, il doit avoir l'oreille plus foncée et le museau noir.

Le blanc n'est pas apprécié comme couleur, pourtant il y a des chiens blancs, mais on suppose qu'ils ont eu des croisements avec le chien des Pyrénées.

 

Voici quelques poids et mesures des meilleurs lévriers écossais  qui ont été pesés et vérifiés à l'exposition de Birmingham en 1873.