1846, chasse dans les Highlands

parue dans la Revue britannique en 1846

 

De ce que nous préférons le traque au cerf, comme le sport où l'homme oppose avec le plus d'éclat son intelligence au merveilleux instinct de la brute, il ne faut pas conclure que nous ne nous intéressons point à la vive description de la chasse, telle que la pratique M. Mac-Neil de Colonsay dans la forêt de Jura. Certes c'est aussi une noble chasse que la chasse à courre faite au moyen des grands lévriers à poil rude. Nous comprenons la partialité de l'enfant zélé des Hébrides, appelant ce genre de sport le plus beau de tous ceux de l'Highland. Nous trouvons cependant plusieurs défauts à cette chasse. D'abord le terrain ne favorisant pas la course rapide des chevaux, il est rare qu'on puisse jouir du coup d'œil dans son ensemble. Ensuite les chiens sont exposés à de trop grands dangers. Que penserait un amateur anglais, d'un sport où il faut perdre, à chaque fois, et cela presque infailliblement, un ou deux chiens ? Et puis , bien qu'à nos yeux il faille de l'habileté pour mettre avantageusement à profit les qualités d'une meute, le principal succès de l'expédition ne dépend-il pas plutôt des chiens que des hommes ?

Quelle que soit notre opinion à cet égard, disons quelques mots en passant, au sujet de la noble race de chiens que M. Mac Neil prend en pitié, tout juste à temps pour en empêcher l'entière destruction. Arien remarque que dans son traité de la chasse, Xénophon a oublié plusieurs points intéressants (Non par négligence, mais parce qu'il ne connaissait pas la race des chiens celtes et celle des chevaux de Scythie et de Libye. ).
Plus loin, il nous apprend que ces chiens celtes portent le nom de «  », à cause de leur vitesse » et il ajoute que, sous le rapport de la vue, de la forme et de la robe, ils réjouissent l'œil d'un chasseur ; il paraît toutefois qu'il ne faut pas confondre la race en question avec les grands chiens de l'Highland ; elle a plutôt engendré les lévriers à poil ras et les lévriers à longues soies, dont on se sert encore en Perse et en Grèce. On a longtemps employé le grand lévrier d'Irlande et d'Ecosse contre le loup, aussi bien que contre le cerf. On laissa dégénérer ces nobles animaux quand les loups disparurent, et qu'on eut inventé d'autres moyens de poursuivre le grand gibier.
Tous les sportsmen doivent être reconnaissants envers celui qui a empêché l'extinction de cette race utile. Buskar, le chien du capitaine Mac Niel, mesure vingt-huit pouces de hauteur à l'épaule et trente-deux pouces autour des côtes. Quand il est en état de courir , il pèse 25 pounds. Son poil est jaune et rude. Nous regardons cet animal comme le plus bel échantillon de la race canine dans la Grande-Bretagne. Nous n'exceptons pas même les anciens grands mâtins de Chatsworth.

Ch. Quaterly Review

 

source BNF GALLICA
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9676480g