Une de nos gravures représente un vieux chasseur écossais, à la taille vigoureuse, au teint hâlé,  à l'œil vif, à la physionomie calme et hardie en même temps.
Peu de chasseurs sont plus expérimentés dans l’art de la vènerie que ces habitants des Highlands. Couverts d’un simple plaid qui leur permet de braver les variations subites de température qui se produisent en Ecosse, ils ne craignent ni la fatigue ni les rigueurs du climat et affrontent tous les dangers. Ils sont, du reste, secondés par une race de chiens remarquable par son extrême agilité et son courage.
Le deerhound, ou pour parler notre langue, le chasseur de daims, aux poils longs et rudes, est de noble origine, et ses instincts comme ses intérêts répondent à sa naissance. Il court, la tête haute, et son élan est superbe. Ni les torrents rapides, ni les ravins profonds, ni les précipices n'arrêtent son audace impétueuse.
Voyez les physionomies de ce chasseur et de ses chiens : elles expriment l'attente. Le fauve, daim ou cerf, est en vue, mais le moindre bruit pourrait le faire fuir dans la forêt, avant qu'il soit à portée de fusil; aussi notre chas seur retient-il ses chiens et, sans quitter le gibier des yeux, attend-il le moment propice. Les deux lévriers sont impatients; toutefois, ils restent immobiles comme leur maître et indiquent, par l'expression ardente de leurs yeux, par la contraction de leurs oreilles, quel intérêt ils attachent à la réussite de l’affût.
Lorsque le coup de fusil aura retenti, alors seulement ils s'élanceront. C'est plaisir de les voir à la poursuite d'un cerf emportant une balle. On dirait qu'ils ne touchent pas la terre. Bientôt ils rejoignent leur proie. Alors on assiste au terrible combat de ces magnifiques animaux avec le roi des bruyères. Bien souvent, dans la lutte, les longues soies de leur tête sont ensanglantées, leurs flancs reçoivent de profondes blessures, mais ils s'acharnent après leur adversaire et ne s’arrêtent que lorsqu’ils le voient étendu sur l'herbe rougie.
Simon de Vandières
1875, l'Univers illustré